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Archétype de l’usager d’héroïne dans les œuvres de fiction…

L’usager/ère d’héroïne dans les œuvres de fiction, est sale. On ne lui a pas dit que l’héroïne démange et que prendre une douche ou un bain lorsqu’on est sous son effet est ô combien agréable.

L’usager/ère d’héroïne dans les œuvres de fiction a d’impressionnantes cernes sous les yeux. Au maquillage il y a sans doute eu confusion entre l’acteur/trice et les figurant-e-s pour le film de zombies qu’on tourne à côté.

L’usager/ère d’héroïne dans les œuvres de fiction doit obligatoirement passer par la scène où il ou elle fouille de fond en comble l’appartement de ses parents, ou à défaut de ses ami-e-s, avec une frénésie de flic en perquisition, jusqu’à ce qu’il ou elle trouve enfin où est planqué l’argent, qu’il ou elle volera invariablement. Il ne faudrait surtout pas que les ami-e-s et parents d’UD puissent croire que leur proche est digne de confiance. Il paraît même que l’UD est prêt-e à tuer père et mère pour sa dose, c’est dire.

L’usager/ère d’héroïne dans les œuvres de fiction a des ami-e-s ou des parents formidables qui lui viennent en « aide » en le/la privant de liberté contre son gré afin de le/la désintoxiquer de force et à la dure. Le respect du libre choix et les traitements de substitution, ce n’est ni assez dramatique, ni assez infantilisant.

L’usager/ère d’héroïne dans les œuvres de fiction a des proches tellement formidables qu’ils et elles ne se priveront pas de jeter ce qui lui appartient dans la cuvette des toilettes. Mais évidemment, celui/celle qui ne respecte pas la propriété d’autrui et est un-e voleur/euse invétéré-e, c’est l’usager/ère d’héroïne.

L’usager/ère d’héroïne dans les œuvres de fiction tremble comme une feuille dans la tempête lorsqu’il ou elle est en manque. Parce que même si c’est de l’héroïne qu’il ou elle consomme, son syndrome de sevrage est celui de l’alcool. La fièvre, le nez qui coule et la douleur aux os, c’est moins cinématographique, faut dire.

L’usager/ère d’héroïne dans les œuvres de fiction a vomi, vomit et vomira, de façon complètement imprévisible, de préférence sur les affaires de la pauvre personne qui lui vient en « aide ». On ne lui laissera pas le temps de courir aux toilettes pour vomir dans la cuvette, il faut que son vomi emmerde tout le monde (par analogie avec l’usager/ère qui est sensé-e emmerder tout le monde aussi), donc là encore on s’inspirera préférentiellement de l’effet de l’alcool.

L’usager/ère d’héroïne dans les œuvres de fiction est détesté-e par des personnages positifs qui ne veulent plus le/la voir et lui reprochent sa consommation. Ce ne sont jamais les personnages négatifs qui le/la rejettent ainsi.

L’usager/ère d’héroïne dans les œuvres de fiction est évidemment dépendant-e jusqu’au bout des ongles. Faudrait pas que les jeunes qui se mettent à la came puissent croire qu’ils et elles ont d’autres options que de s’y mettre à fond jusqu’à être physiquement et psychiquement accros. Faudrait pas qu’ils et elles sachent qu’on peut consommer avec modération. Permettre aux jeunes qui ne suivent pas le modèle de l’abstinence totale et absolue de connaître un autre modèle alternatif que celui de la personne complètement accro qui se détruit et détruit ses proches, ce serait de l’incitation à la consommation (ou à la modération, mais là par contre on ne va pas s’inspirer de l’alcool).

L’usager/ère d’héroïne dans les œuvres de fiction prépare ses shoots dans des cuillers noires de suie, avec l’eau des WC et dans des seringues dégueulasses qu’on se partage allègrement. La réduction des risques, qui a été adoptée par la majorité des UD de la vie réelle, ne passe pas la barrière de la fiction. Pas assez trash. Là aussi faudrait pas que les jeunes sachent qu’ils et elles peuvent consommer sans se détruire la santé au plus vite et jouer au feu avec la septicémie et les virus. La prévention auprès des jeunes oblige à ne leur donner le choix qu’entre s’abstenir ou crever dans l’année.

L’usager/ère d’héroïne dans les œuvres de fiction injecte de façon dramatico-trash, sous musique angoissante, dans une veine bleue comme une orange, voire purulente. L’injection banale et propre étant réservée aux médecins et infirmiers/ères. Il ne faudrait surtout pas qu’on se rende compte qu’il s’agit en réalité du même geste…

L’usager/ère d’héroïne dans les œuvres de fiction ne fume pas et ne sniffe pas son héroïne. Ou alors seulement parce que son passage à l’injection fait partie des ressorts dramatiques de l’œuvre. Un-e usager/ère qui en reste au sniff ou au dragon, ce serait comme un type mordu par un vampire qui ne se transformerait pas lui-même en vampire, ça casserait trop les codes du genre.

L’usager/ère d’héroïne dans les œuvres de fiction injecte sous la langue (More) ou entre les orteils (13 Reasons Why saison 2), parfois avec des aiguilles démesurément larges. Il ou elle a un système veineux (et un système immunitaire) à faire pâlir de jalousie n’importe quel-le injecteur/trice.

L’usager/ère d’héroïne dans les œuvres de fiction est verbalement et physiquement gratuitement et démesurément violent-e. Oui, cette ambiance de fin de soirée, quand tout le monde s’engueule pour le moindre quiproquo, se tape sur la tronche et salit trottoirs et vêtements avec son vomi, à la sortie des bars… Ben en fait c’est parce que dans les bars, l’héroïne coule à flots.

L’usager/ère d’héroïne dans les œuvres de fiction sera retrouvé-e mort-e ou évanoui-e avec la seringue encore dans le bras. Le risque d’overdose pour les personnages de fiction consommant de l’héro est proche du 100 %.

Quant à l’usager/ère d’héroïne dans les documentaires, on fera en sorte de ne présenter que celui ou celle qui ressemblera le plus possible à l’usager/ère d’héroïne dans les œuvres de fiction. Faudrait surtout pas montrer la diversité, ni cesser de renforcer les pires préjugés pétris de haine qui conduisent inlassablement à l’exclusion sociale, à la répression et à la violence qu’ils justifient.

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